La malnutrition conduit à la dénutrition

Jean-Pierre Michel

Médecin gériatre, membre de l’Académie nationale de médecine, professeur honoraire de médecine de l’université de Genève (Suisse), expert du programme vieillissement de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Le Collectif de lutte contre la dénutrition : Quelle est la différence entre la malnutrition et la dénutrition ?

Jean-Pierre Michel : La malnutrition inclut l’ensemble des déficits d’apport, les alimentations non équilibrées et les apports nutritionnels excessifs. C’est le mécanisme sous-jacent à bien des maux du grand âge, comme la sarcopénie, la fragilité et les infections. La dénutrition, elle, apparaît quand l’apport énergétique alimentaire est inférieur à la dépense énergétique. Elle correspond à un état pathologique induit par la malnutrition. Ainsi, selon certaines études, elle se construirait dans la saturation des mécanismes d’assimilation induite au long cours par une malnutrition. Par ailleurs, une personne obèse sera tôt ou tard rattrapée par une déminéralisation qui affectera souvent en premier lieu les arcs dentaires, entraînant un déchaussement puis un déficit masticatoire, et un glissement possible vers la dénutrition.

CLD : Vous plaidez pour l’institution d’une filière nutritionnelle de soins dans chaque service de gériatrie. En quoi consiste-t-elle ?

JPM : La « filière nutritionnelle de soins », c’est :

  1. un dépistage systématique de la malnutrition à l’entrée du malade ;
  2. une évaluation nutritionnelle pour les malades identifiés comme « à risque » ;
  3. un diagnostic clinique de la malnutrition et de ses causes ;
  4. la mise en route de la thérapeutique adaptée, avec des objectifs précis et datés, suivie d’une évaluation à date fixe, que le malade soit toujours hospitalisé ou de retour à son domicile.
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