La dénutrition tue, mais les patients ne sont pas conscients de sa gravité

Marie-France Vaillant

Diététicienne, membre du Comité de liaison en alimentation et nutrition (Clan) du CHU de Grenoble (38), sociologue.

Le Collectif de lutte contre la dénutrition : Comment expliquer que la dénutrition soit à ce jour si mal dépistée ?

Marie-France Vaillant : Les patients ne sont généralement pas conscients de sa gravité. La dénutrition est plus silencieuse et moins spectaculaire que l’obésité : une perte de poids est trop souvent banalisée y compris par les soignants qui ne mesurent pas ses enjeux sur le long terme. Il est donc indispensable de la dépister dès le séjour des patients à l’hôpital et de la prendre en charge au cours et après une hospitalisation. Se pose alors le problème de la poursuite du suivi nutritionnel en ville où les moyens manquent aussi.

CLD : Quel est le rôle des Clan à l’hôpital ? Sont-ils utiles ?

MFV : Le Clan est une instance consultative. Il dresse un bilan des besoins, fait des propositions et organise des formations pour améliorer la prise en charge nutritionnelle des malades. La qualité de l’alimentation fait aussi partie de ses préoccupations majeures. Le rôle d’un Clan est par exemple de s’assurer que les moyens requis pour peser les malades sont présents dans les services de soin, d’impulser des actions de dépistage des troubles nutritionnels, de proposer la mise en place d’outils de surveillance et de prescription nutritionnelle, de protocoles de bonnes pratiques, etc. L’évaluation des actions entreprises est une étape indispensable. Les Clan sont utiles, mais pas suffisamment nombreux – avec des moyens financiers et humains souvent limités. Par ailleurs, les formations sont souvent difficiles à réaliser du fait du contexte de soin complexe (charge de travail, effectif en personnel…).

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